Suzanne Rault-Balet, Des frelons dans le cœur

Ma mère est un poison

De ces venins charmants et distillés

Qui parcourent les veines

Lentement dilués

Tellement lunaire ma mère

Qu’elle ne se rend pas compte de son effet sur terre

Des couteaux qu’elle lance

Dans la poitrine

Le dos tourné

De ces phrases anodines

Assassines

Les yeux fermés

Elle est violente ma mère

Et elle ne le sait pas

De ces douces violences qui ne font aucun geste

Qui ne s’ébruitent pas

Silencieuses

Immobiles

Ma mère est un bourreau mignon

Un diable déguisé en ange

Elle vous démange si elle vous aime

Sa dévotion

Est un drôle de mélange

Un alcool fort

Une nausée

Et malgré le tournis

Je m’en ressers

Une gorgée