Ingeborg Bachmann

Après des jours gris

Etre libre une heure seulement !

Libre, loin !

Comme des chants nocturnes dans les sphères célestes.

Je voudrais

voler très haut au-dessus des jours,

et chercher l’oubli

au-dessus des eaux sombres

glaner des roses blanches,

donner à mon âme des ailes

et, oh Dieu, ne plus rien savoir

de l’amertume des longues nuits

où les yeux s’ouvrent grand

devant une détresse sans nom.

Des larmes sur mes joues

fruit des nuits de démence,

du bel espoir délirant,

du souhait de briser les chaînes

et de m’abreuver de lumière

Voir la lumière une heure seulement !

Etre libre une heure seulement !