Olivier Morin

Nous lèverons comme lèvent les grains

le cœur battant et les réserves au corps

les poings serrés pour affronter l’hiver et la poussière de l’été

Nous lèverons pour affronter la vie et ses cris insensés

avec nos mots à nous, nos mots chargés,

nos mots gonflés, voulus, choisis,

piochés dans nos granges greniers,

dans nos viviers grouillants, dans nos besaces lourdes,

dans nos cavernes ornées,

Nous lèverons nos mots pour découvrir des routes

avec le verbe haut à fleur de canopée

Nous lèverons nos mots comme d’autres des drapeaux

avec le feu dedans et des gerbes d’oiseaux

Nous aurons

des mots de jour et d’autres pour la nuit,

des mots fériés et des mots de septembre,

des verbes liquoreux, d’autres incandescents,

des mots de Méditerranée, de mer Egée

d’Adriatique et de Caspienne,

mots d’océan et de marée tempête

des mots îliens et d’archipel

des mots volcans imprévisibles

des mots germés, des mots semences,

des mots levés, des mots croyance

Alors, Nous serons les prairies de rêve où lèveront les grains.