Maya Angelou, Lettre à ma fille

Tu ne peux pas contrôler tous les évènements qui t’arrivent, mais tu peux décider de ne pas être réduite à eux. Essaie d’être un arc-en-ciel dans le nuage d’autrui. Ne te plains pas. Fais tout ton possible pour changer les choses qui te déplaisent et si tu ne peux opérer aucun changement, change ta façon de les appréhender. Tu vas trouver une solution.

Ne geins pas. Gémir, informe la brute qu’une victime est dans les parages.

Fais en sorte de ne pas mourir sans avoir accompli quelque chose de merveilleux pour l’humanité.

J’ai donné naissance à un seul enfant, un garçon, mais j’ai des milliers de filles. Des noires, blanches, juives, musulmanes, asiatiques, latinas, indiennes, d’Amérique, Aléoutes.  Qu’elles soient obèses, maigres, jolies, ordinaires, homos, hétéros, éduquées, illettrées, je m’adresse à elles toutes. Ceci est mon legs.

On ne quitte jamais vraiment son foyer. Je crois qu’on charrie les ombres, les rêves, les peurs et les monstres de sa maison sous la peau, qu’on les transporte, blottis dans un coin de ses yeux et jusque dans le cartilage des lobes de l’oreille.

Je suis convaincue que la plupart d’entre nous ne grandissent pas. On apprend à se garer, à rembourser ses crédits, on se marie, on ose avoir des enfants et on appelle cela grandir. Or nous nous contentons de vieillir. Nous accumulons les années dans notre corps, sur notre visage, mais en vrai, dans notre chair demeure l’enfant que nous étions, innocent et timide comme un soupir.

On a beau agir avec finesse, complexité et empirisme, l’endroit où l’on se sent le plus en sécurité, c’est, je crois, en soi-même, dans le foyer que l’on trouve tout au fond de soi, le seul que l’on habite vraiment.

Je mène ma barque sur des eaux plus ou moins calmes. Les jours les plus éprouvants de mon existence ont pu ou on être lumineux et prometteurs. Que mes journées soient radieuses ou orageuses, que mes nuits soient glorieuses ou solitaires, j’éprouve de la reconnaissance. Même mes moments de grand pessimisme sont suivis d’un lendemain.

Aujourd’hui je suis heureuse.

Je suis épouvantée par le vide que laisse la mort derrière elle. (…) Je ne trouve un soulagement à mes interrogations que lorsque je finis par admettre que je ne suis pas obligée de tout connaître, que c’est déjà beaucoup de savoir c que je sais, et que tout ce que j’ai appris n’est pas forcément la vérité.

Quand je me confronte à la rage d’avoir perdu quelqu’un, j’essaie aussitôt de me concentrer sur les questions que soulèvent la perte d’un être cher, sur ce que j’ai appris ou ai encore à apprendre du départ de ceux que j’aime. Quel héritage en conserverai-je pour m’aider à vivre une vie meilleure ?