Dominique Sampiero

Ne dites plus jamais c’est triste

Comme ça

Comme si de rien

Un coup de couteau dans le dos

Dites c’est triste

Les yeux plein d’étoiles

En pensant

la vie est belle

Même avec cette tristesse

Collée à nos sourires

Comme l’amour aux bras

D’une mère

Oui, la tristesse est notre

Mère à tous, se laisser bercer par elle

Finit toujours par nous ouvrir les yeux

À la beauté

Tombée en poussière

Sous chacun de nos pas

Et qu’est-ce qu’on s’en fout d’avoir raison

Ou bien le dernier mot

Pleurer sans raison

Ça fait du bien non ?

c’est tellement bon

Ne dites plus jamais c’est triste

quand vous pourriez dire autre chose

faites preuve d’imagination

ou alors

ne dites rien

prenez cette tristesse à bras le corps

je me répète

serrez-la fort contre votre poitrine

vous verrez

il en jaillira des fleurs

des sourires

un peu de tendresse pour rien

comme ça

il en jaillira cette vacuité

dont on fait les vases

qui reçoivent l’eau puis les fleurs

un peu de place pour l’autre

un peu de place pour ce qui va disparaître faner flétrir se ride s’évanouir trop de beauté quand elle est noire dépose les ténèbres sur le néant et attend le souffle de celui qui regarde pur inventer à chaque fois la première nuit le premier matin où l’on se réveille heureux d’être en vie.