Diglee, Ressac

« Cette plage sous la pluie est une zone dépeuplée, et je l’aime aussi comme ça, nue.

Face à cette étendue grise (ciel gris, eau grise, sable gris, roche grise, nuances d’argenté, d’ailleurs plutôt que de gris) je pense à ce qui se transmet.

A ce dont on hérite, et au combat titanesque qu’il faut mener pour se découvrir soi-même dans toutes ces plaies laissées béantes par nos ancêtres.

(…)

Je songe à tout cela, seule, sur cette plage grise, à ces canevas complexes que sont nos familles, à la manière dont ce tissage multigénérationnel oriente nos vies, et je cherche vainement mon moi réel, si tant est qu’il existe, dans ce tumulte opaque. Il me semble que je leur tiens la main, à toutes mes grands-mères, autant que je les implore de me laisser être.

L’amour sans dette est si rare, le seul peut-être qui puisse permettre un vrai miracle. »