Alicia Gallienne

Et si un jour je me dois de partir

De refermer les portes derrière toi

Pour ne plus m’apercevoir que je t’aime

Et si un jour il fallait que je m’en retourne

Que je doive quitter tes doigts qui me parlent

Pour ne plus me déguiser de ton visage

Si un lendemain ou une veille tu me perds

A tant de murmures que répondre ?

A tant de lueurs dans tes yeux

Ma bouche pendue à ton cou perdue à ton corps

A tant de lueurs ardeurs

Oublions les réponses et pardonne-moi

Pardonne-moi mon amour

De m’appartenir de toi dans toi

Avant de refermer le verrou et de m’enfuir

J’embrasserai ton regard tes cils longs et recourbés

Je me donnerai au sommeil dans tes bras

Dans tes bras pour un dernier refuge

Une ultime promesse que tu ne tiendras pas

J’emporterai le secret le vertige de ce que tu me disais

Lentement et tout bas

Sans doute de nous c’est moi qui aime le plus fort

Mais il faut partir avant

Avant qu’il ne soit trop tard dans le cœur de tes bras

Avant que tu ne m’oublies dans l’horizon du soir

Avant que tu n’aies l’illusion de me posséder entièrement

Car vois-tu je suis tout comme le vent

Tout comme le vent qui caressera ton visage

Pour toujours

Et qui portera en lui la saveur de ta peau

Où j’ai vu mon empreinte mon image

Une nuit ou peut-être toute la vie

Ton silence

Épais manteau de ronces

Où s’enlace mon visage

De tes mains de tes ombres

Roule comme une boule de feu

Que mes doigts ont polie

Sur une pierre

A l’angle d’un mur

Qui ne m’appartient pas

L’heure est fausse

Comme une marchande des quatre saisons

Aux lèvres écorchées

L’heure est au mensonge

Un couteau a ouvert les livres

A la même page

A la même clôture du jardin

Ses mains sur les feuilles

Ont occulté la parole

Elle s’en va perdue et délaissée

Demander l’aumône

Aux creux des mains sans appel

C’est le miroir qui m’a renvoyé

Ton silence

Nue et pleurs

Une statue dévorée par le lierre

Appelle les oiseaux tristes

Qui ne viendront jamais

Ton silence à verser

A corps et à cris