Thierry Metz, Journal d’un manœuvre

Le vrai travail – peut-être – est de se simplifier. De dire le moins possible mais d’écouter beaucoup. Ne rien emporter le matin, ne pas s’alourdir. Etre graine pour revenir feuillage le soir. Retrouver la maison avec les mots ensoleillés du dehors.

Les oiseaux autour de nous ne laissent pas de traces.

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Du bruit toute la journée. On ne se sait pas ce qui se passe. Quelqu’un fait des gestes : il gagne son pain.

C’est tout.

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On pourrait se contenter de ça, passer d’un chantier à l’autre, mesurer encore et encore ce qui nous sépare du premier pas. Du dernier.

Comment devenir rouge-gorge ici ? Nos chaussures de sécurité n’ont pas vocation d’aile.

Mais elles laissent des traces. Pour défier, peut-être, un projet de pages blanches.

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Le lundi est une eau froide, une pluie glacée. On s’y risque à petits pas comme des oiseaux traversant une flaque, en sautillant. Nos gestes, encore engourdis, ne déplacent pas plus d’une brindille à la fois.