Clémentine Beauvais, Décomposée

Les livres de Clémentine Beauvais m’ont été glissés dans les mains par ma chère et tendre fille et depuis, c’est une autrice dont on se délecte en famille.

Dans « Décomposée », paru dans la toute fraîche et réjouissante collection L’Iconopop, Clémentine Beauvais s’attache à redonner vie(s) à Grâce, « …cette charogne infâme / Sur un lit de cailloux … » décrite dans le fameux poème de Charles Baudelaire.

Ici, Grâce est une femme qui fait ses adieux à la vie et qui se remémore ce qu’elle a été, d’abord grande-sœur-bouclier, puis couturière, chirurgienne, faiseuse d’anges chanteuse de berceuses, prostituée, amoureuse, meurtrière… De 1820 à 1855. Du frère, aux hommes. Des hommes, aux aiguilles, à Camille, aux sœurs… De la montagne, aux ruelles sombres de Paris, jusqu’à ce jour, au détour du sentier.

« Décomposée » c’est aussi la vie de Jeanne Duval en filigrane, muse de Baudelaire, dont l’Histoire retiendra si peu.

Voilà donc un court roman tout en vers libres fichtrement bien écrit, délicat et glauque à la fois, qui caresse, cogne et pénètre dans les recoins les plus sombres de nos âmes et de nos corps. Il y a là de la détermination, du tragique… Et de l’intemporel, dans ces voix de femmes dont les combats traversent les siècles.