Nous lèverons comme lèvent les grains
le cœur battant et les réserves au corps
les poings serrés pour affronter l’hiver et la poussière de l’été
Nous lèverons pour affronter la vie et ses cris insensés
avec nos mots à nous, nos mots chargés,
nos mots gonflés, voulus, choisis,
piochés dans nos granges greniers,
dans nos viviers grouillants, dans nos besaces lourdes,
dans nos cavernes ornées,
Nous lèverons nos mots pour découvrir des routes
avec le verbe haut à fleur de canopée
Nous lèverons nos mots comme d’autres des drapeaux
avec le feu dedans et des gerbes d’oiseaux
Nous aurons
des mots de jour et d’autres pour la nuit,
des mots fériés et des mots de septembre,
des verbes liquoreux, d’autres incandescents,
des mots de Méditerranée, de mer Egée
d’Adriatique et de Caspienne,
mots d’océan et de marée tempête
des mots îliens et d’archipel
des mots volcans imprévisibles
des mots germés, des mots semences,
des mots levés, des mots croyance
Alors, Nous serons les prairies de rêve où lèveront les grains.