David Vogel

Les villes de mon enfance,

Je les ai toutes oubliées,

et toi dans l’une d’elle…

Pieds nus, dans une flaque d’eau de pluie,

tu danses encore pour moi.

Et pourtant, sûrement, tu es morte déjà.

Au galop, je suis passé

de mon enfance lointaine

au palais blanc de la vieillesse,

immense et vide.

Plus jamais je ne reverrai

le début de la route parcourue…

ni toi…

ni celui que j’étais alors.

Dans le lointain, la marche

du temps se poursuivra

du néant au néant,

sans moi.

Ne craint rien mon enfant

Ce ne sont que deux souris

Trottant de la table à la chaise.

Elles sont bien plus menues que toi

et ne pourront te dévorer

ne crains rien mon enfant,

ce n’est que l’index mouillé de la pluie

tambourinant sur la vitre.

Nous ne lui ouvrirons pas.

Cache-toi au plus profond de moi

moi qui suis ta mère.

Nous étendrons la sombre nuit sur nos têtes

et nul ne saura nous trouver.