Absence

Comme une enfant, je regarde le ciel à l’affût d’un signe de toi, faisant ainsi des nuages mes précieux messagers.
Ton absence se rappelle à moi dans des sursauts de manque.
Le parfum d’une femme que je croise dans la rue, les voix d’Elis Regina et de Carlos Jobim, un bouquet de tulipes, l’odeur du henné, ma main qui se glisse dans celle de ma fille, comme un prolongement, …
Et ce mot « Maman », que je n’ai plus adressé à personne depuis près de 30 ans.
Ce mot chargé d’absence, qui résonne dans le vide quand je le prononce à voix haute.

Les souvenirs sont fragiles et flous, je ne distingue plus très bien ce que je sais de ce que j’imagine. Les mille et une photos que j’ai de toi m’aident à redessiner le contour de ton visage et de notre histoire.
Mais quelle voix avais-tu ? Quel rire ? Quels rêves ? Je ne saurais le dire.
Je te connais si peu, si mal. Que pèsent en vieillissant les premières années d’une vie ? Aujourd’hui ne subsistent que des bribes auxquelles je me rattache pour te faire exister auprès de moi toujours.

Il parait que notre ressemblance est troublante.
Alors je vieillirai pour toi et mes traits seront ceux que le temps ne t’a pas laissé naître.

(26.05.2019)